Romelu Lukaku: "L’assist à Zagreb-Anderlecht était plus important que celui pour De Bruyne vendredi"
Même au Mondial, Romelu Lukaku se souvient de sa passe décisive à Jonathan Legear quand il avait 16 ans.
- Publié le 09-07-2018 à 08h18
Même au Mondial, Romelu Lukaku se souvient de sa passe décisive à Jonathan Legear quand il avait 16 ans. 2 minutes et 22 secondes. Voilà le temps que Romelu Lukaku a reçu pour parler à la presse après son match monstrueux face au Brésil. Mais ses réponses valaient le coup. Comme celle concernant son assist à Kevin De Bruyne.
Lukaku : "Cet assist n’est pas le plus important de ma carrière. Celui avec Anderlecht à Zagreb était plus important. Grâce à celui-là, je me suis rapproché d’une place de titulaire à Anderlecht. Et c’est grâce à cela que je suis ici au Mondial, maintenant."
Zagreb - Anderlecht a eu lieu le jeudi 17 septembre 2009. Anderlecht jouait en Europa League, vu qu’ils avaient perdu le titre lors des matches de barrage contre le Standard. Le Dinamo avait deux futures stars dans son équipe : Mandzukic et Lovren. Ariël Jacobs construisait un mur devant Proto. Mais via un coup franc des 30 mètres de Bernardez, le Sporting menait au score.
Il pleuvait des cordes dans le Stade Maksimir (où il qualifierait les Belges pour le Mondial 2014, quatre ans plus tard !) quand Lukaku monte au jeu à la 86e à la place de Matias Suarez. Lukaku a 16 ans et compte quatre montées au jeu à son palmarès : 25 minutes au Standard en match de barrage, 23 minutes à Zulte-Waregem (0-2 dont un but de Lukaku), 11 minutes contre le Standard et 35 minutes à Saint-Trond.
Deux minutes après sa rentrée, il se défait de son adversaire direct, déborde sur le flanc gauche et sert Jonathan Legear, qui trompe Butina, le futur gardien de Bruges. Lukaku après le match : "Je voulais marquer moi-même, jusqu’au moment où j’ai vu Boussoufa. Heureusement, Legear était aussi dans ses parages. Je suis en avance sur mon schéma. Je m’amuse, mais je ne peux pas me brûler."
Le match d’après, Lukaku est titulaire contre Gand (1-1). En y ajoutant l’Europa League, il sera 30 fois titulaire en tout et inscrira 19 buts. Lukaku a une mémoire d’éléphant. C’est bel et bien cet assist à Zagreb qui l’a lancé.
Jonathan Legear, auteur du but, est agréablement surpris par le souvenir de Lukaku. "Il a parlé de notre but ? Il m’en a offert plusieurs, cette saison-là. À l’Ajax (1-3), j’ai inscrit un but similaire. Mais moi aussi, je lui ai donné des assists . On se comprenait bien. En deux saisons à Anderlecht, il a mis 36 buts. De ses 16 à ses 18 ans. Certains trouvaient que cela ne voulait rien dire. Moi, je savais qu’il allait devenir un très grand. Personne n’a réalisé de tels stats à cet âge."
Legear était proche de Lukaku, à ce moment. "Je lui ai donné des conseils tactiques. Surtout par rapport à sa reconversion défensive. Et on était les deux premiers à acheter - de notre poche - la machine de glace ‘Game Ready’ pour accélérer la récupération après une rencontre. J’étais rapide, mais il me battait déjà aux sprints. Je ne crois pas qu’il soit devenu plus rapide depuis lors. Par contre, il est plus puissant, il a affiné sa technique, il joue dans l’un des meilleurs clubs au monde et est entouré par les meilleurs joueurs. Même si je n’étais pas mauvais non plus (rires). Et tout cas, ce qu’il fait est médiatisé 25 fois plus."
Les deux anciens comparses ne sont plus en contact. "En 2010, j’ai joué en équipe nationale avec lui et avec 60 % de l’équipe actuelle, comme Vermaelen, Vertonghen, Kompany, Fellaini et Dembélé."
Pour l’anecdote : en novembre 2010, Jonathan Legear avait dû déclarer forfait pour le match amical Russie - Belgique. Georges Leekens l’avait alors remplacé par un gamin de 19 ans, qui s’appelait… Eden Hazard.
Son secret : "Je suis déconnecté d’internet"
Depuis le 16 juin, Lukaku n’est plus sur les réseaux sociaux afin d’être focalisé sur le Mondial.
Romelu Lukaku l’avait promis avant de débuter le Mondial. Il tient sa parole : "Afin d’être entièrement focalisé sur la Coupe du Monde, je me déconnecte d’Internet pendant tout le tournoi."
Voilà trois semaines qu’il tient le coup. Mardi, Lukaku jouera contre son grand ami, Paul Pogba. En temps normal, les deux se seraient contactés et charriés via les réseaux sociaux. Mais Lukaku n’est au courant de rien. "Vous le savez : je suis offline ", sourit Lukaku après son match contre le Brésil. "Je ne sais pas ce qui se passe à l’extérieur. Cela me plaît bien. J’apprends à connaître un autre côté de moi-même. Je me focalise sur d’autres trucs. Je me reconnecterai quand notre tournoi sera terminé. J’espère le 16 juillet. Entre-temps, je passe surtout mon temps sur Netflix (le service qui propose des films et séries télévisées, NdlR)."
Lukaku doit être le seul joueur à cette Coupe du Monde à ne pas être connecté à Internet. Son dernier message date du 16 juin, soit deux jours avant le match d’ouverture contre le Panama. "TunnelVision", écrivait-il en lettres rouges sur un fond noir de ses comptes Twitter et Instagram. Et en dessous de cela, quelques mots d’explication : "Time to focus#TunnelVision#OffLine."
En d’autres mots : il est dans sa bulle et ne veut être perturbé par aucun élément externe. Cette tactique lui réussit plutôt bien. Il est deuxième meilleur attaquant de la Coupe du Monde avec quatre buts, a joué un rôle crucial en offrant le 3-2 à Chadli contre le Japon et a livré une prestation cinq étoiles dans un rôle ingrat contre le Brésil, en délivrant un formidable assist à Kevin De Bruyne.
Seulement 3 fautes sifflées ! "Les arbitres doivent plus me protéger"
Malgré l’euphorie, Lukaku avait un message pour les arbitres de ce Mondial. "Contre le Brésil, l’arbitre aurait pu siffler plus de fautes à mon avantage", estimait Lukaku, qui n’avait pas été épargné par Miranda. "Les arbitres croient qu’avec mon corps, je peux prendre le dessus sur tout le monde. Mais parfois, trop c’est trop. Je mérite parfois un peu plus de protection, comme les plus petits joueurs."
Les statistiques donnent raison à Lukaku. En 326 minutes de jeu lors de cette Coupe du Monde, il a seulement reçu trois fautes : une contre le Brésil, zéro contre le Japon, zéro contre la Tunisie et deux contre le Panama.